Une république du consommateur salarié et actionnaire
La finalité de l'entreprise reste encore un des sujets tabous de la pensée économique judéo-chrétienne et les patrons à la Plantu fumant de gros cigares évoquent toujours des échos puissants dans l'inconscient collectif.
Si le Politique consent à reconnaître que la raison d'être de l'entreprise est de faire du profit, c'est toujours avec gêne et en semblant s'excuser auprès de ses électeurs d'être forcé de proférer une telle énormité.
Il est pourtant clair que la richesse créée par l'entreprise profitera à tous les citoyens actionnaires, salariés et consommateurs.
Il est irresponsable de vouloir déplacer le douloureux problème du chômage vers celui des licenciements, ce n’est pas en fustigeant et en s’attaquant aux effets du mal que l’on guérira la cause.
Ce n’est pas non plus et uniquement en réduisant les charges sociales que l’on créera des emplois : on ne peut pas forcer à boire un âne qui n’a pas soif.
Il est malhonnête de vouloir faire croire que les entreprises n’ont aucune éthique sociale et ont plus de considération pour leurs machines que pour ceux qui les font fonctionner.
Le réel et la force vive de l’entreprise se sont les individus qui la composent. Les Politiques et les Entreprises se sont malheureusement révélés de piètres acteurs, les uns s'auto amnistiant, les autres s'enfermant dans une défense juridique et un discours de la contrainte imposée par les exigences de la mondialisation.
Deux positions intenables face à une demande devenue aujourd'hui tout à la fois morale, sociale, éthique et écologique.
Les citoyens d'aujourd'hui sont également "mondialisés".
Eduqués et informés, ils savent vivre dans une société du tout possible, conscient de leurs droits et de leur pouvoir, prompte à demander des comptes et parfaitement à l'aise dans leur rôle et exigences contradictoires de consommateur, salarié et actionnaire.
Et c'est, peut-être, là que réside une des clés permettant de gérer la complexité du problème lié à la responsabilité du politique et du chef d'entreprise.
Le climat mondial a changé, empoisonné par les scandales politiques et financiers à répétition. La perte de référence morale et de confiance dans les valeurs et croyances traditionnelles a bousculé, exacerbé, certains diront dénaturé les mentalités.
Nous sommes tous responsable des excès d'aujourd'hui conséquence d'un mal être sociétal que chacun a contribué à créer.
Les cris "d'aristocrates à la lanterne" se sont transformés en responsables donc coupables.
Peu importe que les faits ou les actes reprochés aient été commis il y a dix ans dans un contexte psychologique, légal et de connaissance différent, c'est au nom et sur la base des valeurs d'aujourd'hui qu'ils seront jugés, moralement coupables et pénalement condamnables.
Ce changement est irréversible mais les mentalités évoluent et se modifient.
Pourquoi ne pas aider et participer à leur évolution, promouvoir par l'exemple un retour à la confiance et à l'équilibre des forces en présence.
Les français ont fait la démonstration de leur remarquable aptitude à se mobiliser pour les grandes causes humanitaires, est-il utopique de penser que toutes les compétences économiques, politiques, associatives et syndicales devraient unir leurs talents et leur puissance créatrices pour une grande cause nationale qui serait, en dehors de toute idéologie ou dogmatisme, de redonner à chacun sa dignité et son utilité d’agent économiques d’hier et de demain ?
Il ne s'agit pas de rédiger des chartes d'éthique et d'en décréter leur application mais de s'engager dans un travail de fond prenant en compte les critères fédérateurs sur lesquels se reconstruiront la crédibilité et l'image de l'entreprise et du politique.
Aujourd'hui, ils se nomment responsabilité morale, sociale, environnementale mais aussi écoute, dialogue, explication, information, transparence et reconnaissance du droit d'ingérence.
Peut-être est-il temps d'aller vers une "république du consommateur salarié et actionnaire" ou tout le monde accepterait de jouer le jeu pour que l'équilibre tienne.
La contrefaçon est devenue source d’empoissonnement des populations et véritable cauchemar de santé
publique.
Si on ne meurt pas en achetant un faux sac à main Vuitton, on peut mourir avec un médicament ou un aliment contrefait.
Cela arrive tous les jours dans les pays en développement, traitements contrefaits contre le sida, le paludisme ou la tuberculose au mieux placebo sans effet thérapeutique, au pire ingrédient
dangereux et nocifs, les deux pouvant provoquer la mort faute de soins adéquates quand cela n’induit pas le risque réel d’engendrer des souches résistantes.
D’après une étude publiée par la revue médicale britannique, The Lancet, sur le million de personnes décédant du paludisme chaque année en Afrique, 200 000 auraient pu être sauvées si des médicaments
authentiques étaient distribués.
Ces pays privés de traitements abordables, sont de grands consommateurs de produits contrefaits, la pauvreté poussant les gens à acheter leurs médicaments dans la rue, les gares, les marchés, voire à l’unité et ceux-ci, vendues moins chers, sont en majorité contrefaits.
Conséquence : des centaines de milliers de morts.
Ce bilan macabre regorge d’exemples : plusieurs centaines de morts au Panama dus à l’ingérence en masse par des bébés de sirop contenant de l’antigel, 2500 morts au Niger pour avoir reçu lors d'une
épidémie de méningite des faux vaccins inactifs qui ne contenaient que de l'eau, en Colombie des tablettes de médicaments contre la grippe qui contenaient de la cire et de la peinture chargée en
plomb afin d’imiter la couleur des produits originaux ont été distribué par dizaines de milliers.
Et l’Europe n’est pas exempte de ce péril, grâce à Internet nous voyons fleurir des offres alléchantes pour anti-inflammatoires, antidouleurs ou antiseptiques sans parler des pilules amincissantes,
des produits anabolisants ou bien encore du Viagra.
L’OMS évalue la contrefaçon dangereuse de l’ordre de 10% de la consommation totale en Russie, 25% en Inde, 40% au Pérou, 48% au Nigéria et 70% en Angola. Les cas de décès ou d’effets secondaires
irréversibles sur les consommateurs les plus démunis se comptent par centaines de milliers.
La contrefaçon alimentaire n’est pas épargnée par cette pandémie : huile et vinaigre, biscuits et barres chocolatées, épices et condiments, céréales et miel, produits laitiers et boissons ont le
triste privilège de figurer au palmarès de la fraude aux faux aliments.
D’après une étude Ipsos, la contrefaçon alimentaire représenterait 10 % des produits contrefaits saisis.
Le plus grave c’est que nous avons à faire à des groupes mafieux organisés à l’échelle
mondiale. La contrefaçon devient un centre de profit majeur pour le crime organisé.
En Afrique occidentale, plus de la moitié des médicaments et 80% des cigarettes pour la plupart contenant un fort pourcentage d’arsenic et de plomb (voire saupoudrées de cocaïne pour accrocher une
clientèle jeune) sont contrefaits, le tout pour un chiffre d’affaire estimé à plus de 1 milliard de dollars par an.
Au niveau mondial, le chiffre d'affaires de la contrefaçon est estimé à 500 milliards d'euros coutant plus des 200 000 emplois et rapportant 10 à 25 fois plus que le trafic de drogue tout en étant
beaucoup plus facile (internet, voie postale, frontières mal contrôlées) et surtout moins risquée du fait des faibles sanctions encourues, la contrefaçon étant considérée comme un délit et non pas
pénalisée comme un crime bien que nous sommes face à un risque d'empoisonnement de la population.
De plus, ce fléau s’étend à de plus en plus d’industries et de secteurs industriels: jouets, pièces détachées, dvd, produits de luxe, textiles, logiciels informatiques, Microsoft estime perdre 20
milliards de dollars par an dans le monde pour ses propres produits.
Il faut rappeler que les réseaux criminels et mafieux sont « des profiteurs d’opportunités ». Ils ne créent ni n’inventent les produits à contrefaire.
Dans une économie globalisée, ils exploitent les brèches ouvertes et les dommages collatéraux découlant de cette globalisation mal maitrisée et insuffisamment régulée, faisant ainsi leur miel d’un
manque d’harmonisation tarifaire et fiscale intra états.
Aucun secteur économique n’est aujourd’hui à l’abri du risque de contrefaçon à partir du moment où l’opportunité, la facilité et le potentiel à obtenir de forts profits financiers à risque réduit
existent.
Nous sommes face à un fléau mondial dont l’ampleur et la rapidité de développement nous a devancés, les outils actuels étant insuffisants pour enrayer le phénomène et apporter des solutions fiables
et indispensables.
Face à cette pieuvre aux multiples tentacules, les Etats ne peuvent plus se contenter de demi mesures et tous les agents économiques malmenés par ce phénomène - industriels, douanes, polices et
autorités de santé - doivent s’unir pour remonter les filières et tous ensemble, audelà de leurs intérêts personnels, mettre en place les outils technologiques et législatifs à disposition ou à créer
pour que les mesures prises soient enfin efficaces et fassent régresser ce business de la mort et cette prise en otage de la misère.